Questions&Réponses
Dr Olusegun Mimiko, Gouverneur de l’État d’Ondo, et
Dr Dayo Adeyanju, Commissaire à la santé de l’État d’Ondo
Ils ne sont pas encore des personnages d’une série animée ou d’un film à succès, mais le Dr Olusegun Mimiko, Gouverneur de l’État d’Ondo, et le Dr Dayo Adeyanju, Commissaire à la santé de l’État d’Ondo, forment par excellence le duo de choc de la santé publique du Nigéria.
Les superpouvoirs du Dr Adeyanju sont ainsi à l’honneur aujourd’hui tandis qu’il montre fièrement l’entrepôt frigorifique de l’État d’Ondo. C’est un bâtiment flambant neuf situé à proximité d’un chantier où se construit un centre de santé – à 20 mètres à peine de la grange en pierre en ruines qui servait autrefois d’entrepôt de vaccins.
Pour M. Adeyanju, ce site est une excellente métaphore de ce que sont les soins de santé dans son État. « Notre population bénéficie des meilleurs soins de santé du pays », souligne-t-il. « Nous travaillons toutefois à les améliorer encore .»
Rehausser la barre
Au Nigéria, du fait du système fédéral, chaque État dispose d’une autonomie considérable, notamment dans la planification et la prestation des soins de santé. Cette organisation se caractérise par des différences sensibles entre États, dans la santé et dans la qualité des soins. Les autres États du Nigéria jugent maintenant leurs propres services de santé à l’aune des performances de l’État d’Ondo, et le Dr Adeyanju souhaite continuer à élever ce niveau.
« Notre gouverneur, le Dr Mimiko, nous soutient énormément, et toutes les administrations de l’État attachent beaucoup d’importance aux services de santé », affirme-t-il.
Un type sympa qui exerce un bon métier
Le Gouverneur Mimiko et le Dr Adeyanju se sont rencontrés pour la première fois voici plus de trente ans. Adeyanju était alors un jeune garçon impressionnable de douze ans. Le Dr Mimiko s’était rendu dans son école afin d’y prononcer un discours sur les professions médicales. « Nous avons parlé un moment et je me suis ensuite dit : "Un type sympa, semble-t-il, qui exerce un bon métier à un jeune âge… Cela ne me déplairait pas d’être comme lui". »
Le Dr Mimiko est nommé Commissaire à la santé de l’État d’Ondo après avoir grimpé les échelons du service public, tandis que le Dr Adeyanju obtient un diplôme en médecine et commence à travailler à l’hôpital public. Ce premier emploi le décourage. « Je voyais bien que ceux que je pouvais aider étaient peu nombreux », explique-t-il. « Il serait préférable, pensais-je, que je travaille dans un domaine me permettant de prévenir tous ces cas. »
Des programmes de base
Conscient des espoirs déçus du jeune médecin dont les ambitions seraient davantage satisfaites dans le secteur de la santé publique, le Dr Mimiko propose à Adeyanju de venir travailler pour lui au ministère. Ensemble, ils lancent un programme de base qui a permis de nettement réduire la prévalence du VIH et du paludisme dans l’État d’Ondo. M. Mimiko est ensuite élu gouverneur en 2009 et de nouvelles possibilités se présentent avec ce nouveau poste.
« À notre arrivée, le secteur sanitaire était largement sous-financé, l’infrastructure insuffisante, la direction médiocre, et les travailleurs manquaient de motivation », souligne le Dr Adeyanju. « Un État recensait encore des cas de polio dans un secteur géré par les pouvoirs locaux ; la mortalité infantile y était assez importante et celle des moins de cinq ans beaucoup trop élevée aussi. »
Révolutionner le système
Le nouveau gouverneur place la santé au rang des priorités dans son administration et entreprend de révolutionner le système grâce au projet Abiye (terme qui signifie « maternité » en yoruba).
Le programme Abiye cible principalement les femmes enceintes. Chaque femme reçoit une carte à puce contenant des données personnelles, qui permettent aux agents de santé de connaître les antécédents médicaux de sa famille. Elle facilite la planification des soins postnatals, notamment la vaccination des bébés.
La première étape consistait à élargir l’accès à la vaccination. Restait à trouver comment entreposer et acheminer les vaccins.
« Le vieil entrepôt frigorifique ne servait plus depuis deux mois quand nous l’avons vu », se souvient M. Adeyanju. « Le bâtiment délabré semblait avoir été laissé à l’abandon depuis des lustres. Les murs s’effritaient, il régnait une odeur d’humidité, et une boîte à fusibles évoquait le projet scientifique d’un enfant de dix ans. » La date d’achat du générateur électrique qui fournissait en électricité les réfrigérateurs d’une importance capitale remontait à 1978.
La pierre angulaire
« J’ai dit au gouverneur que cet endroit ne convenait pas ; quelques semaines plus tard, celui-ci débloquait des fonds pour un nouvel entrepôt et les travaux commençaient », précise-t-il.
La couverture vaccinale de l’État d’Ondo figure maintenant parmi les plus élevées du pays, et le vaccin pentavalent y sera introduit ces prochains mois. Ce vaccin protège en une seule injection les enfants de cinq maladies potentiellement mortelles : tétanos, diphthérie, coqueluche, hépatite B et Haemophilus influenzae type b (responsable de méningites et de pneumonies). À l’heure actuelle, quelque 170 pays l’utilisent, et les enfants des pays en développement sont de plus en plus nombreux à le recevoir grâce au soutien de GAVI Alliance.
« Le programme de vaccination systématique, que les journées nationales de vaccination viennent renforcer, constitue la pierre angulaire de notre programme de santé – tout cela serait impossible sans le soutien de GAVI », indique le Dr Adeyanju.
Alors que le Nigéria s’attaque à la fragmentation de ses soins de santé, GAVI Alliance met au point des démarches sur mesure visant à soutenir les systèmes nationaux de vaccination, État par État. « Grâce à ces dons généreux, nous pouvons fournir un modèle à même de transformer tout le pays », souligne le Dr Adeyanju.
Et, qui sait, recruter quelques super-héros de plus au passage.